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20/12/2021

Des paroles aux actes : vive la résolution !

Elisabeth Laville a fondé Utopies en 1993. Retrouvez sur Restauration21 ses tribunes. ©Philippe Zamora

La tribune d’Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies  et administratrice de B LAB France.

Comment savoir, face à l’ampleur des défis sociaux, écologiques et climatiques de notre temps, si l’on en fait assez, dans son entreprise ou son restaurant ?

« Trente ans de bla-bla : planète B bla-bla, économie verte bla-bla, neutralité carbone en 2050 bla-bla… » Avant la COP26, Greta Thunberg a donné le ton en interpellant nos dirigeants : bien sûr il faut des engagements, mais ce qu’il faut surtout, c’est dire la vérité et agir. Car les mots, les récits et les nouveaux imaginaires du futur, bien que nécessaires, n’ont de sens que s’ils précèdent et activent notre capacité à faire advenir ce futur. Sinon, mieux vaut se taire… ce qui n’empêche d’ailleurs pas d’agir. L’action, qui nous extirpe du monde des idées pour nous reconnecter à la réalité, a une autre vertu, que soulignent ensemble philosophes et psychologues : c’est le meilleur antidote à l’aveuglement catastrophiste[1] et à l’éco-anxiété[2] qui aux dernières nouvelles ferait des ravages dans notre jeunesse, lassée comme Greta.

Le défi de l’autoévaluation
Mais comment savoir, face à l’ampleur des défis sociaux, écologiques et climatiques de notre temps, si l’on en fait assez, dans son entreprise ou son restaurant ? L’entrepreneuriat est un chemin de progrès, et pas une destination certes – mais comment ne pas se satisfaire et se gausser de trop peu ? A entendre et lire beaucoup d’entreprises aujourd’hui, dont les industriels les plus conventionnels, tous ont désormais placé au cœur de leur ADN le sens et la raison d’être, le durable, l’impact et le changement positif. Vraiment ? La restauration et l’agro-alimentaire n’échappent pas à cette tendance, où nombreux sont ceux qui s’affichent du côté de la transition alimentaire ou de la gastronomie durable, avec un soupçon de bio, un fond de local, un bouquet de petits producteurs, une pincée de « fait maison »… et toujours le risque de donner raison à Greta si ces pratiques restent occasionnelles ou superficielles.

Pour les autres, qui aspirent à faire mieux et plus, voici un défi stimulant et une suggestion de bonne résolution avant le Nouvel An. Pour obtenir une photo objective de leur performance mais aussi un cadre stimulant de progrès, les enseignes Cojean et Big Mamma en France, le groupe du chef Jamie Oliver en Angleterre, l’entreprise Letz Sushi qui possède une vingtaine de restaurants à Copenhague et dans les environs,l’hôtel-restaurant Las Balsas à Villa la Angostura en Argentine, le restaurant italien Pisticci à New-York, la micro-brasserie Hopworks Urban Brewery à Portland, Luke’s Lobster dans le Maine aux Etats-Unis mais aussi les restaurants indépendants Epantapajaros au Chili, Miscusi à Milan, ou Teva à Rio de Janeiro ont choisi de relever le défi de l’autoévaluation très complète du Business Impact Assessment.

Communauté d’échange de pratiques
Ce questionnaire en ligne de 200 questions, adaptées à l’activité de l’entreprise et à sa présence géographique, est 100% gratuit et accessible à toute entreprise, grande ou petite, de tout secteur et à tout entrepreneur souhaitant se hisser à la hauteur des enjeux que l’époque nous présente. Mieux encore : il se présente comme un questionnaire à choix multiple, qui permet au fur et à mesure à celui qui le remplit de voir quelles autres pratiques il pourrait mettre en œuvre sur chaque grand thème abordé (gouvernance, environnement, collectivité, collaborateurs, clients), et de mémoriser les questions correspondantes pour construire son plan d’action personnalisé. Lorsqu’il est rempli, le score (sur un total de 200 points) est accessible et permet de se comparer à toutes les entreprises certifiées. Les entreprises de restauration déjà citées ont toutes dépassé le seuil de 80 points sur 200 (après audit de leurs réponses) et obtenu l’exigeante certification B Corp, aux côtés d’entreprises d’autres secteurs comme le leader de l’outdoor Patagonia, les baskets écolos Veja, les magasins Nature & découvertes, les crèches Eponyme, la marque de gourdes réutilisables Squiz, les yaourts bio des 2 Vaches, les smoothies Innocent…

Au total, B Corp fédère dans plus de 80 pays un mouvement de 4000 entreprises engagées, qu’elle encourage ensuite à aller plus loin via sa communauté d’échange de pratiques et d’engagement collectif (en France cette communauté compte désormais près de 200 entreprises). Aujourd’hui et alors que la certification complète de l’entité française du Danone vient d’être annoncée, il est utile de rappeler aux dirigeants que ces démarches ne sont pas du tout l’apanage des grands groupes, et qu’au contraire elles consacrent le plus souvent l’agilité, l’échelle humaine et l’esprit d’aventure qui caractérisent les petites entreprises : ainsi 48% des entreprises certifiées B Corp dans le monde ont moins de dix salariés, et 32% entre 10 et 50 salariés.

Comme le disait Michel-Ange, le plus grand danger pour la plupart d’entre nous n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignions. Alors êtes-vous prêt.e à relever le défi de l’autoévaluation B Corp de votre entreprise en 2022 ? Voire à faire partie des pionniers de la restauration dans le mouvement ?

Pour relever le défi de l’autoévaluation du Business Impact Assessment et peut-être viser ensuite la certification B Corp, c’est ici : bimpactassessment.net. Pour vous inspirer d’exemples concrets et nourrir vos futures actions / résolutions 2022, l‘étude « Révolution(s) en Cuisine(s) : les futurs de la restauration durable » oubliée par Utopies est à télécharger ici en version complète ou en version résumée : https://www.utopies.com/publications/revolutions-en-cuisines-les-futurs-de-la-restauration-durable

 

[1] « Les émotions du dérèglement climatique » d’A. Pelissolo et C. Massini, Flammarion

[2] « Le pire n’est pas certain » de C. et R. Larrère, Premier Parallèle

 

 

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