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28/04/2025

Reconditionnement : le choix de l’internalisation

Thibaut Sibille, directeur général de Codigel.©Restauration21

Industrialiser le processus pour maîtriser l’image et la qualité perçues du matériel.

Cet article a été publié dans le Magazine #14 de Restauration21

Motivées par l’obligation faite aux acheteurs publics d’inclure des biens issus de l’économie circulaire dans leurs acquisitions ou intégrant des matières recyclées, des entreprises qui fabriquent des biens d’équipement investissent le champ du réemploi pour leurs produits et en font une activité supplémentaire. Ouverte en 2024, la ligne de reconditionnement des fontaines à eau Edafim (Best Water Technology) a traité quelque 400 unités sur sa première année de fonctionnement. Une ligne dédiée et séparée des lignes de production de l’usine de Livron-sur-Drôme (26). Le concepteur et fabricant de refroidisseurs et fontaines à eau made in France, qui produit 8 000 à 10 0000 fontaines par an, adresse cette offre reconditionnée à ses clients gestionnaires (et propriétaires) de parcs de fontaines à eau sur les segments de la restauration collective et commerciale et la distribution automatique. Soit un parc de centaines de milliers de fontaines à eau en circulation en France potentiellement revalorisables pour les exploitants, les installateurs et les gérants de parcs.

« Les enjeux autour du reconditionnement sont majeurs pour Edafim, nous sommes prêts à prendre le virage dicté par les réglementations Agec mais aussi à répondre aux besoins en matière de RSE de nos clients et aux attentes des consommateurs finaux », commente Nicolas Marion, Directeur Général d’Edafim.

Son objectif: sensibiliser les exploitants, les installateurs et les gérants de parcs pour, à l’issue des contrats, récupérer des machines en vue de les reconditionner. Et éviter que les machines ne soient « bricolées » et revendues sur le marché de l’occasion. Sur le même modèle qu’une fontaine neuve, le fabricant propose de renouveler la garantie constructeur pouvant aller jusqu’à 36 mois pour une fontaine à eau reconditionnée par ses soins. Un procédé qui devrait permettre de doubler l’espérance de vie des machines, tout leur en conservant les mêmes qualités et services. Et permettre aux clients BtoB de repartir avec une machine pour environ 50 % de la valeur du prix du neuf.

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Intégrer plus de réparabilité

« Le reconditionnement sera mené si nous sommes certains de pouvoir apposer notre garantie sur la machine à la fin du processus. Une fontaine dont le groupe froid ne fonctionne plus ne sera pas reconditionnée » prévient Nicolas Marion. Les gammes ont été revues de façon que la réparabilité soit mieux intégrée lors de la conception et de la fabrication. « C’est un enjeu majeur. Les nou­velles gammes sont pensées pour faciliter la réparabilité et le reconditionnement afin de, par exemple, changer une pièce de la carros­serie plutôt que toute la carrosserie » explique-t-il. C’est le cas de la « Totem », la première fontaine d’une gamme qui intègre les aspects de reconditionnement dès la conception.

Coté distributeurs, Codigel a mis les pieds dans le plat en octobre dernier en dégainant son label « Codigel 2nde Vie » structurant ainsi son offre de matériel reconditionné destinée aux installateurs. Il leur garan­tit que les machines ont été reconditionnées selon une charte qualité listant les points de contrôles effec­tués, avec des pièces d’origine par son équipe technique. Une offre mise en avant par une bannière immanquable sur la page d’accueil de son site inter­net. « Ce label donne de la visibilité à cette offre auprès de nos clients et prospects. Il explique la démarche et le processus associé au suivi qualité sur l’ensemble des opérations menées sur le produit et récapitulées dans une documentation transmise à l’acheteur » explique Thibaut Sibille, Directeur Général de Codigel. Il précise que le reconditionne­ment concerne les pièces liées à la bonne utilisation du produit. « Un choc sur un côté sans incidence sur le bon fonctionnement d’un produit ne sera pas réparé mais signalé ».

Edafim a dédié une chaîne au reconditionnement. ©Edafim

Associer fabricants et distributeurs à la construction de la filière

« Nous reconditionnons les références des marques que nous vendons dès lors que cela est économiquement viable », poursuit-il. Le gisement est basé sur la reprise effectuée auprès des installateurs. Ce sont aussi des machines qui ont servi à des essais ou à des démonstrations. Vendus entre 20 % et 50 % moins chers que des équipements neufs et garantis 1 an, ces appareils sont proposés sur une page dédiée du site de l’équipementier. « Nous avons  pour 300 K€ d’appareils reconditionnés en stock », ajoute le chef d’entreprise.

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« La législation évolue et notre offre égale­ment. C’est le sens de l’histoire. Je milite auprès des syndicats et des partenaires pour que les fabricants et les distributeurs soient associés à la construction de cette filière. Nous sommes metteurs sur le marché d’équi­pements dont nous finançons la fin de vie [collecte et revalorisation]. À ce titre, il est légitime que le marché du reconditionnement contribue à notre activité », insiste Thibaut Sibille. Il fait référence à l’éco-contribution payée par le metteur sur le marché d’un équipement neuf à laquelle ne sont pas sou­mis les vendeurs de produits reconditionnés(1). D’où la crainte pour les premiers de financer malgré eux les seconds et de se voir privés de cette activité.

Cahier des charges certifié

« Nous souhaitons obtenir le label d’un orga­nisme de certification, nous sommes en échange avec Dekra qui travaille déjà sur le sujet avec certains de nos confrères », pour­suit-il. Objectif: certifier et garantir le processus de reconditionnement mis en place par le reconditionneur sur la base d’un cahier des charges certifié. Le seul moyen de garantir au client final la bonne fonctionna­lité de l’appareil, l’origine des pièces détachées montées et d’apporter une garan­tie après-vente.

Le marché est-il réactif? « À date, cela ne nous permet pas d’obtenir de nouveaux mar­chés mais le reconditionnement fait partie intégrante de la notation de certains appels d’offres et permet à nos clients opérateurs de se positionner sur le sujet avec des garanties constructeurs », répond Nicolas Marion. « Le prix attractif du reconditionné devrait don­ner de la dynamique au marché, en particulier avec les acheteurs publics. On est en ordre de bataille pour y répondre » assure Thibaut Sibille.

 

(1) Tout équipement acquis en France puis recondi­tionné et revendu sur le marché français n’est pas concerné par l’éco-contribution, celle-ci ayant été réglée pour cet équipement lors de sa première mise sur le marché en France. Les metteurs sur le marché d’équi­pements reconditionnés sont concernés par la réglemen­tation uniquement lorsqu’il s’agit d’une première mise sur le marché en France de l’équipement.

 

ECOLOGIC ACCOMPAGNE LES PRODUCTEURS-ACTEURS
Agréé par l’État, l’éco-organisme Ecologic prend en charge les équipements électriques et électroniques usagés afin de leur donner une seconde vie ou les recycler. « Le réemploi constitue un enjeu incontournable de notre cahier des charges. Si nous mettons en place des partenariats avec les entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) pour soutenir le développement de la filière du reconditionnement solidaire, nous accompagnons éga­lement les producteurs qui veulent s’engager dans le domaine dans un principe dit de producteurs-acteurs, » explique Grégory Anzalone, Responsable Équipe Développe­ment Marchés chez Ecologic.

« Mieux encore, nous incitons à la coopéra­tion entre les acteurs et notamment entre les acteurs de l’ESS et les producteurs au travers d’appel à projets. Ainsi fin 2024, Vesto vient d’être lauréat de notre appel à projet Réemploi Pro pour un projet en coopération avec Electrolux. Le cadre réglementaire est en place pour faire du réemploi une norme de consommation pour les ménages et les professionnels, mais le chemin est encore long, les objectifs sont ambitieux et des écueils structurels subsistent. Nous travaillons à les lever avec l’ensemble de la chaîne de valeur, dont les producteurs qui se sont bien saisis du sujet. »

 

Cliquer sur l’image pour lire l’article dans son intégralité.

 

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